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Homélie Transfiguration – « Jésus seul »

Homélie Transfiguration – « Jésus seul »

À la transfiguration, Il y a Pierre, Jacques et Jean, il y a Moise et Elie, il y a Jésus… et moi?? Et moi où est ce que je suis, en quoi est ce que la transfiguration me concerne? 

En quoi est ce que cet événement absolument unique, merveilleux, sublime et tremblant me touche moi qui suis là ce matin à saint Etienne? 

Ça me concerne pour au moins une raison c’est que  « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. » Il gravit la montagne pour prier, pour prier et ça ça me concerne depuis qu’au début du carême, après avoir fait une relecture de ma vie chrétienne  grace à ce petit livret qui m’a été distribué je me suis rendu compte que la prière n’avait pas une grande place dans ma vie et que j’ai pris cette résolution de prier un peu plus que d’habitude. 

Avec pierre Jacques et Jean empruntons ce chemin de la prière, ce chemin qui monte vers le Thabor, ce chemin qui nous mène vers la transfiguration

Car la transfiguration c’est le le fond qui affleure, la divinité qui se montre, jusque là la divinité de jésus était invisible, mais là elle se montre. 

Car ce qui se joue dans la prière c’est notre transformation,  la transformation de nos coeurs et la transformation de nos vies, car à quoi serviraient que nos coeurs soient transformés si nos vies ne le traduisent pas, à quoi servirait de dire « Seigneur Seigneur »  si nous ne faisons pas concrètement la volonté du Père. La prière c’est la présence de Dieu en nous qui passe du fond à la forme, qui transforme notre attitude, notre manière de vivre. 

Tout part donc de la prière, de cette intimité avec Jésus, cette intimité à laquelle Jésus invite Pierre, Jacques et Jean, cette intimité à laquelle il nous invite tous chaque jour, sur ce Thabor qu’est le secret de notre chambre. 

Mais il y a tant et tant d’obstacles pour prier, tant et tant de choses qui empêchent en nous cette transformation, l’évangile en souligne quelques uns: 

« Il parlait de son départ qui allait s’accomplir »: Jésus annonce sa mort et si tu veux me suivre prends ta croix, mais nous nous ne voulons pas de la croix, nous fuyons l’épreuve et par là nous fuyons la croissance que Jésus veut pour nous, nous fuyons cette suite à laquelle il nous invite, mais nous nous préférons le chemin confortable, le chemin sans encombres, nous ne voulons ni de la croix rugueuse, ni de la montée exigeante.  

« Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil »: là ce sont toutes les tentations qui arrivent à l’instant ou nous voulons suivre le Christ et prier: 

  • le sommeil: pour ça il faut choisir le bon moment
  • Les soucis qui nous éloignent de l’essentiel et nous font remettre à plus tard ce temps de prière ou la messe dominicale; ces soucis qui peuvent même nous assaillir dans la prière ou à la messe, dans ce cas que faire:  dire et redire « Seigneur je suis là pour toi » ou bien transformer les soucis en prière, les confier et ne pas leur accorder trop d’importance. 
  • D’autres occupations qui apparaissent à la seconde où je désire me donner à Dieu et des choses très importantes, cette tentation de regarder mes mails, alors comme à chaque fois: éloigner de soi l’occasion de pécher: plutôt que de prendre ton portable pour prier (si il est une source de distractions) prends ta bible 
  • Et puis une fois que j’ai pris la décision de suivre le Christ sur la montagne, cette petite tentation, la tentation de la dernière seconde qui vous fait regretter ou hésiter, à remettre en cause la bonne décision. 

Mais il y a un autre obstacle: « Il est bon que nous soyons ici » obstacle insidieux qui nous ferait croire que notre vie spirituelle ne serait que dans ces lieux élevés, ces hautes montagnes que nous gravissons pour prier: une retraite de carême, un pèlerinage en terre sainte, Paray le monial ou Taizé, la messe dominicale… mais qu’en dehors de ces lieux nous ne pourrions pas réellement vivre une vie spirituelle, pris dans le tourbillon du monde. Alors viennent deux tentations: la tentation obsidionale: celle de vouloir vivre à part, comme en une citadelle assiégée: il est bon que nous soyons là… et nous voulons y rester; ou bien la tentation séparatiste: il y a des lieux pour vivre sa vie spirituelle, des lieux bien séparés et il y a le reste de ma vie qui n’a rien à voir avec ma vie spirituelle: c’est le monde où je vis ma vie habituelle; il y aurait donc des lieux séparés et des vies séparées; j’aurai en quelque sorte deux vies, deux vies hermétiquement isolées. Mais nous n’avons qu’une seule vie, notre vie est une et elle doit être toujours plus unifiée, la prière est le lieu de cette unification, la prière est le lieu où je peux présenter au Seigneur tout ce qui fait ma vie et me laisser éclairer, apaiser, transformer. Et la prière est ce lieu qui me projette vers mes frères pour vivre ce que j’ai gouté dans l’intimité du coeur, pour témoigner de celui que j’ai contemplé et qui m’a transfiguré. 

il y a enfin un dernier obstacle qui m’empêche de prier, c’est le péché, mon péché en premier, mon péché qui me divise, qui m’obscurcit, qui m’éloigne de Dieu, qui m’empêche de prêter attention à la parole du Christ, et le péché de mes frères et tout particulièrement le péché de ces prêtres qui défigurent ton Eglise Seigneur, ces prêtres qui ont du entendre cette parole de saint Paul: « Frères, ensemble imitez-moi, et regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons. » et qui au contraire se comportent « en ennemis de la croix du Christ » ces prêtres que le Christ avait institués pasteur de son peuple, gardiens de son troupeau et qui se sont conduit comme des prédateurs, des loups.   

En face de tous ces obstacles il me semble n’y avoir qu’un seul chemin:

Ma conversion 

La suite humble du Christ 

Et m’attacher à « Jésus seul ». 

Abbé d’Artigue