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Homélie Lazare – 5 ème dimanche de carême 2017

5° dimanche de carême A – lazare 2017

Il y’a des fois quand même, on se dit que 4 pages d’Evangile un dimanche c’est un peu rude et qu’au bout de quelques versets (particulièrement chez saint Jean) on a franchement décroché. Allez je vous avoue il y avait une version light de notre Evangile, mais ce soir parce qu’on a le temps et que vous êtes en vacances on a pris la version longue. Et du coup qu’est ce qu’il vous reste après cette lecture? euh… pas grand-chose ! Alors, petit résumé pour ceux qui se seraient endormi : il y a Lazare qui meurt, Marthe et Marie qui rale, jésus qui pleure comme une madeleine et à la fin Lazare qui revient à la vie: happy end ! C’est bon !

Là vous voyez je vous ai fait la version ultra light expurgée de tous les passages un peu compliqués que saint Jean fourre toujours dans son Evangile. D’un autre coté la version ultra light ce n’est pas ultra nourrissant pour la foi, et vous vous avez faim alors il doit bien y avoir quelque chose à se mettre sous la dent dans cet évangile, prenons juste ce petit verset :

 « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu »

Un verset un peu obscur et surtout où l’on se dit que le Jésus semble s’être un peu trompé, primo parce que justement cette maladie elle a conduit Lazare à la mort ! Et qu’il est bien mort la preuve c’est que 4 jours après il sentait (la mort)

Et secundo parce que ce n’est pas ça la gloire ! en tout cas ce n’est pas l’idée qu’on se fait de la gloire.

Alors c’est quoi la gloire ?

Et bien la gloire c’est Rihanna entourée de 30 danseurs sur la scène, c’est Jean Luc Mélenchon ou Marine le Pen acclamée par une foule en délire lors d’un meeting au zenith, c’est (un truc assez improbable) le stade toulousain qui fait le doublé coupe d’europe, championnat. Normalement la gloire, ça va avec la puissance et la beauté, c’est un truc de star. La gloire c’est quand vous avez tout ce que vous voulez, que les gens vous reconnaissent dans la rue, et quand les policiers vous arrêtent c’est pour vous  demander un autographe, c’est ça la gloire.

Et nous au contraire qu’est ce qu’on a Jésus qui pleure comme une collégienne devant « orgueil et préjugés ou dirty dancing », vous parlez de la gloire. On a un tombeau et un macchabé qui sent depuis 4 jours, c’est ça la gloire ?

On a Marthe et Marie qui râlent contre Jésus, c’est ça la gloire ?

Non ce n’est pas ça la gloire, ça c’est ce qui prépare la gloire ! Ça c’est l’avant goût de la gloire :

Les larmes de jésus c’est l’amour qui attend d’éclater, de se répandre, de vaincre

La prière de Marthe « mais je sais que Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas » c’est la foi qui demande, la foi confiante et invincible.

La prosternation, le reproche  de Marie « Seigneur si tu avais été là mon frère ne serait pas mort » c’est l’espérance qui attend tout, l’éspérance quand tout semble perdu.

Tout est là pour qu’éclate la gloire de Dieu, la charité qui ne demande qu’a se répandre, la foi qui demande avec ardeur et l’espérance qui attend en sachant qu’elle sera exaucée bien au-delà de sa demande. Tout est là !

Même la mort, même la mort puante ! La mort qui commence a décomposer, la mort qui paralyse, même la mort est là et elle aussi servira à ce qu’éclate la gloire de Dieu.

Et Jésus d’insister : « ne te l’ai-je pas dit si tu crois tu verras la gloire de Dieu »

Et la gloire éclate dans la voix de Jésus, la gloire éclate quand Jésus s’approche de la mort: « Lazare viens dehors » et Lazare sort du tombeau ! C’est ça la gloire de Dieu !

La gloire de Dieu c’est quand la mort recule

La gloire de Dieu c’est la victoire de la vie sur la mort

La gloire de Dieu c’est l’homme libre

La gloire de Dieu c’est l’homme debout.

Et là vous vous dites que c’est vraiment du cinéma ?

parce que la mort elle n’est pas morte, on y passera tous! La mort elle est bien vivante.

Mais surtout vous vous dites en quoi est ce que ça me concerne ?

Moi, je ne suis pas Lazare, jésus il n’est pas là pour me faire sortir du tombeau et enfin qu’on a bien le temps de penser à la mort, plus tard,  qu’on une vie à vivre !

C’est vrai nous avons une vie à vivre, c’est ce que Dieu nous dit depuis toujours

Notre Dieu est le Seigneur de la vie, c’est lui qui insuffle son Esprit de vie dans les narines d’Adam : pour qu’il vive

C’est lui qui crie dans la bouche d’Ezechiel : « je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez »

C’est lui qui met sur les lèvres de saint Paul « l’Esprit est votre vie » pour que nous vivions.

Pour que nous vivions, pour que nous luttions contres toutes les morts, contre toute la culture de mort, pour que la vie de Dieu soit notre vie, pour que sa vie coule dans nos veines. Sa vie !

Parce que si on vous dit que la vie c’était  une bière, un canapé et votre télé : on vous menti

Si on vous a dit que la vie c’était une belle carrière et une assurance vie on vous menti

Si On vous a dit que la vie c’était la tranquilité on vous menti

Si On vous a dit que la vie c’était de zapper on vous a  menti

Si On vous a dit que la vie c’était de tout essayer on vous a  menti

Si On vous a dit libérez vous, libèrez vous des règles, et vous obéissant vous vous êtes libéré, mais au fond vous ne vous sentez pas vraiment libre, il reste quelque chose en vous dont vous ne vous êtes pas débarassé, quelque chose dont vous n’arrivez pas à vous débarrasser : votre péché !

Vous savez cette haine, cette rancune, cette dureté de coeur, cette jalousie, cette suffisance, cette peur, cet orgueil, cette fourberie, cette fausseté, ce mensonge, cette critique systématique, l’incapacité à voir le bon chez l’autre, cette mort qui nous tient liée et qui nous pourrit la vie, qui nous tue à petit feu.

Parce que ce n’est pas ça la vie, peut être juste de la survie,

Attendre la fin, ce n’est pas la vie ça, ça serait même un peu la mort, une mort lente, comme si la vie allait decrescendo de la naissance vers la mort, ça commence toujours bien et ça finit toujours mal, une lente décrépitude, inexorable.

Jésus nous affirme ce soir que ce n’est pas ça la vie, avec moi la vie c’est toujours plus de vie ! Ça commence bien et ça ne finit pas

C’est aller crescendo

C’est aller vers la vie qui n’a pas de fin, la vie éternelle.

Alors écoutez le Christ qui vous dit : « laisse-moi te libérer de la mort du péché »

Regardez les larmes de Jésus, les larmes du Christ qui nous aime et qui a donné sa vie pour nous

Ecoutez jésus qui crie d’une voix forte à l’entrée de la tombe : « déliez-le et laisser-le aller »

Approchez-vous de lui, reconnaissez votre misère, laissez-le vous aimer, laissez-le vous relever de votre péché, de cette puanteur qui risque d’envahir votre vie, de vous nécroser, de tuer le meilleur en vous.

 

C’est ça la gloire de Dieu, c’est l’homme debout,

La gloire de Dieu c’est nous, debout, pour Le suivre,

Amen

 

abbé Simon d’Artigue