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Homélie fête de la Sainte Famille – 29/12/19

Homélie fête de la Sainte Famille – 29/12/19

La Sainte Famille est sainte pas parce que Joseph serait incroyablement saint, l’homme juste, intérieur, paisible en toute circonstance, et Marie l’Immaculée Conception (ça aide à la sainteté convenez en), la femme parfaite et que du coup quand on met les deux ensembles, deux personnages aussi extraordinaires, forcément, ça crée une sainte famille ? Ce serait d’ailleurs absolument désespérant pour nous car ils sont assez inimitables et, en tout cas, insurpassables. Non !! La Sainte Famille est sainte pour une seule raison, parce que Jésus en est le centre.

La fête de la Sainte Famille, c’est la fête de la centralité de Jésus :

  • Jésus est le centre de l’histoire depuis sa nativité : on se met à dater l’histoire à partir de sa naissance, il y a un avant et un après JC.
  • Jésus est au centre de l’univers ou plutôt, la terre est au centre de l’univers pour une seule raison qui n’est pas cosmologique mais théologique : la terre est au centre de l’univers parce que le fils de Dieu a choisi de s’y incarner.
  • Jésus est au centre de l’Église, dans le tabernacle bien entendu, mais il est aussi au cœur de tous ses projets, de tous ses discours, de toutes ses ambitions, sinon elle n’est plus l’Église de Jésus Christ.
  • Jésus est au cœur de ma vie chaque fois que je lui laisse la première place et cette fin d’année est le bon moment pour relire l’année écoulée et regarder la place que je lui ai laissé, et la place que je lui laisserai en 2020.
  • Jésus est au cœur de ma famille et là, souvent, on se dit qu’il y a encore du travail, parce que les parents galèrent à mettre Jésus au centre, parce que ce n’est pas évident de prier en famille ou en couple, parce que ce n’est même pas évident de simplement transmettre la foi à ses enfants et que, bien souvent, nous vivons cela comme un échec avec une évidente culpabilité de ne pas y être parvenu, comme si ça ne dépendait que de nous.

Alors comment est-ce qu’on fait pour mettre Jésus au cœur de de sa vie, de sa famille, de sa paroisse ? Car les trois sont liés. Jésus ne sera pas dans ma paroisse s’il n’est pas dans ma famille (qui est la première église) ; mais il ne sera pas dans ma famille s’il n’est pas d’abord dans ma vie. C’est pour cela que les conseils de saint Paul aux Colossiens sont bons à entendre, ils sont bons car il s’adresse à des chrétiens individuellement et à des chrétiens collectivement (comme communauté). Ces conseils, nous pouvons donc les prendre pour nous personnellement et pour notre vie de famille pour qu’elle soit sainte. Ces conseils peuvent être une bonne base d’ailleurs pour relire mon année et préparer la suivante. Il y a 16 conseils. Je vous rassure, je ne les reprendrai pas tous.

  • Le premier conseil de saint Paul, celui qui commande tous les autres, doit être gravé en lettre d’or sur le linteau de vos portes d’entrée. Si vous n’osez pas le graver, inscrivez-le au moins sur un papier et punaisez-le dans votre salon : « Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus». Cela veut dire qu’il n’y a pas une seule chose de notre vie qui échappe à Jésus. Nous, nous pouvons bien essayer de le cantonner dans une part de notre vie : la vie spirituelle ou le dimanche pour la messe. Lui, il veut tout de nous, que rien ne lui échappe. D’abord, les qualificatifs de notre action : « tendresse et compassion, la bonté, humilité, douceur et patience » Enfin quand je dis notre action, c’est plutôt ce que devrait être notre action, mais rappelons-nous qu’avant d’être ce qui nous qualifie, c’est la manière d’être de Dieu avec nous, la manière d’être de Jésus avec Marie et Joseph. Ce n’est qu’en goûtant, en nous laissant faire par la tendresse et l’humilité du Christ dans nos vies que nous pourrons en être nous-mêmes les témoins et les artisans pour le monde.
  • « Si vous avez des reproches à vous faire … reprenez-vous en toute sagesse» Voilà un second conseil, si bon pour la vie familiale et paroissiale : apprendre à exercer (et accueillir) la correction fraternelle. Attention, il ne s’agit certainement pas de s’engueuler ou pire encore de dire du mal de mon frère en son absence. Il s’agit d’être capable d’aller le trouver pour lui dire qu’il n’est pas sur le bon chemin, qu’il s’éloigne du Seigneur et ce qui doit motiver cela, c’est l’amour car « par-dessus tout qu’il y ait l’amour », l’amour que je lui porte parce qu’il est mon époux, parce qu’elle est ma fille, parce qu’il est mon curé, parce qu’il est mon ami, ma sœur, parce qu’elle est ma paroissienne.
  • Cette correction fraternelle vécue en couple, en famille, en paroisse, entre frères doit toujours aboutir au pardon « Le Seigneur vous a pardonné, faites de même» : c’est le troisième conseil de saint Paul, le pardon comme but ultime de toutes nos démarches, comme unique moyen de trouver la paix véritable et la confiance qui permet de bâtir les empires.
  • Un autre merveilleux conseil de saint Paul pour cette année qui vient « chantez à Dieu votre reconnaissance». Ne pas oublier de remercier le Seigneur bien entendu. Et c’est ce que je vous invite à faire en ces prochains jours : notez tout ce que le Seigneur a fait pour vous cette année, notez-le sur un papier et rendez grâce le 31. Ne vous contentez pas de réveillonner sous le gui l’an neuf une coupe de champagne à la main, mais rendez grâce ! Et pour que cette action de grâce prenne corps, remerciez tout ceux par qui le Seigneur vous a manifesté sa grâce ; et faites de cet exercice spirituel un entrainement pour cette année, pour que vous fassiez de cette année une année d’action de grâce, que chaque jour vous remerciez au moins une personne (et si c’est votre épouse il serait normal de la remercier au moins une fois par jour) cette année « vivez dans laction de grâce ».
  • Un conseil scandaleux « Femmes, soyez soumise à votre mari et vous les hommes, aimez votre femme» Nous nous attachons toujours aux « femmes, soyez soumises » mais le plus extraordinaire, le plus révolutionnaire dans cette phrase c’est le « hommes, aimez votre femme ». La soumission était normale dans le droit romain au temps de saint Paul, l’amour était une véritable révolution dans les rapports conjugaux. C’est cette révolution à laquelle Jésus nous invite, entre époux et épouse mais aussi entre Lui et nous : nous lui sommes soumis, nous lui obéissons avec une joie immense parce que nous sommes certains de son amour pour nous.
  • Un dernier conseil « Vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants : vous risqueriez de les décourager». Un conseil de pédagogue, un conseil de parent pour leurs enfants, un conseil du Père pour ses fils, car c’est comme cela que Dieu s’y prend avec nous : loin de nous exaspérer, loin de nous décourager, loin de nous faire porter des fardeaux trop lourds pour nous, notre Dieu, notre Père nous encourage car il nous aime.

 

Abbé Simon d’Artigue