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Homélie du jour de Pâques Mgr Le Gall

Toute cette année, nous suivons saint Matthieu dans son annonce de la Bonne Nouvelle ; elle culmine dans les paroles de l’ange aux femmes entendue cette nuit : « Je sais que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait » (28, 5-6). Le tombeau est vide. L’ange continue : « Vite, allez dire aux disciples : Il est ressuscité d’entre les morts » (7).

Dimanche dernier pour les Rameaux et au moment du Jeudi saint, nous avons souligné la formule propre à Matthieu, qui fait la transition entre la Cène et le départ pour le mont des Oliviers : « Après avoir chanté les Psaumes ». Le rite du repas pascal se terminait par le chant du grand Hallel (le mot veut dire « louer » en hébreu), série des Psaumes 112 à 117, psaumes chantés avec Alleluia, qui signifie « Louez le Seigneur ! » Le dernier, le Psaume 117, qui est le Psaume de Pâques par excellence, chante le passage de l’angoisse de la mort, à la grâce du salut, de la joie et de la victoire. Dans son texte, il comporte à la fois le Hosanna des Rameaux et de notre Sanctus à la messe et l’Alleluia.

Ce matin de Pâques, je voudrais évoquer un autre psaume lié au mystère pascal, celui que Jésus entonne sur la Croix, quand il crie d’une voix forte : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il s’agit bien du premier verset du Psaume 21, cité par Matthieu, qui est considéré comme une prophétie de la Passion :

Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête.
Ne sois pas loin, l’angoisse est proche,
je n’ai personne pour m’aider.
Je suis comme l’eau qui se répand,
tous mes membres se disloquent.
Tu me mènes à la poussière de la mort.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os.
Ces gens me voient, ils me regardent.
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.

Vraiment, c’est bien le Crucifié dont parle l’ange de la Résurrection. Mais la dernière partie de ce Psaume 21 annonce clairement le parfait retournement de la situation dramatique du Psalmiste, qui est le Christ :

Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Car il n’a pas rejeté,
il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée.
Ils loueront le Seigneur ceux qui le cherchent :
À vous, toujours, la vie et la joie !
La terre entière se souviendra
et reviendra vers le Seigneur.
Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira.

Après l’épreuve, c’est la louange qui domine. Déjà, au début du psaume, on lit ce verset étonnant : Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les louanges d’Israël (v. 4). Le mot Louanges traduit l’hébreu Tehillim, qui est le titre même du livre des Psaumes : oui, Dieu habite les Psaumes et nous le retrouvons quand nous psalmodions. Le 117, qui est l’aboutissement du grand Hallel, et le 21 se retrouvent pour chanter le mystère pascal en toutes ses phases de passion, de mort, de sépulture et de résurrection, dans un climat de louange qui trouve en ce matin de Pâques son point culminant.

Le dernier mot du Psaume 21 est une signature divine de tout ce mystère qui nous invite à la louange : Voilà son œuvre ! En écho, toute cette semaine de Pâques, nous ne cesserons de reprendre l’autre signature, celle de l’autre psaume, le 117 : Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !

Le Seigneur a fait ce jour : voilà son œuvre ! À nous de la poursuivre. Alleluia.

Mgr Le Gall

PÂQUES
MESSE DU JOUR
CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE TOULOUSE
LE DIMANCHE 16 AVRIL 2017