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Homélie 6 dimanche du temps ordinaire 2017 – Le péché et les occasions de pécher.

Homélie 6 dimanche du temps ordinaire 2017 – Le péché et les occasions de pécher.

Il y a des matins ou l’on préfèrerait ne pas s’être levé ! Non parce que si je viens à la messe ce n’est pas pour me faire engueuler fut-ce par Jésus Christ lui-même.  Si c’est comme ça je ne m’étonne pas que nos églises se vident! « Non moi ce que je voudrai quand je viens à la messe c’est entendre des mots doux, des gentillesses qui réconfortent, de celles qui font chaud au cœur. Moi ce que je voudrai c’est un dieu qui me caresse dans le sens du poil », en fait ce que je veux c’est un Dieu qui me dise ce que j’ai envie d’entendre, un dieu qui soit sensible aux sondages d’opinion, un dieu qui chaque matin en se levant regarde les journaux et réécrive la bible en fonction de l’air du temps. En somme ce que je voudrai c’est, un Dieu qui ne me dérange pas trop, un dieu qui me ressemble un dieu à ma taille, à ma mesure.

Et bien justement notre Dieu nous ressemble, en Jésus il s’est fait homme comme nous, il a appris un métier comme nous, il a tout connu de notre vie, il a aimé, travaillé, mangé, pleuré, souffert comme nous, il nous ressemble en toute chose excepté une, une seule : le péché ! Jésus Christ n’a pas péché, non seulement il n’a pas péché mais a aucun moment il n’a frayé avec le mal, jamais il n’a discuté avec lui, cherchant quelque arrangement ou compromission, le mal n’a eu aucune prise sur lui. Le péché lui est absolument étranger. Oui mais alors me direz-vous subtilement : « si Jésus n’a pas connu le péché, est-il vraiment un homme ? Est-il vraiment comme nous ? Peut-il vraiment nous comprendre ? S’il n’a pas menti, s’il n’a pas triché, s’il n’a pas calomnié, s’il n’a pas envié c’est que ce n’est pas un homme !

Du coup c’est bien ce que je pensai : ce matin j’aurai mieux fait de rester au lit plutôt que de m’entendre dire qu’il faut que je me coupe la main, que je me crève les yeux et que je m’arrache la langue pour être un bon catholique !!

C’est sur Jésus parle clair, il n’y va pas par mille chemin, c’est certain il ne nous brosse pas dans le sens du poil : il appelle un chat, un chat et un péché un péché !

Mais qu’est ce qu’un péché au fond ? on a vite fait de le minimiser, un péché ce n’est rien du tout, une petite bêtise, ce n’est pas la peine d’en faire une montagne, il ne faut pas dramatiser, pas la peine de se couper la main ou de se rendre borgne pour si peu, ça n’en vaut pas la peine.

Vous voyez le problème avec Jésus c’est ce coté excessif, tout de suite radical : Se crever un œil, et puis quoi encore, il n’exagère pas un peu Jésus ?

Non il n’exagère pas ! Mais il ne faut pas non plus être stupide et lire cet Evangile à la lettre sinon nous finirions tous borgnes, cul de jatte et manchots on aurait l’air malin !

Bien sur en vous crevant un œil, en vous coupant une jambe vous êtes défiguré c’est certain mais vous restez un homme à part entière. Et bien le péché aussi nous défigure, il nous défigure beaucoup plus gravement, il ne change pas notre visage, non bien plus grave, il défigure notre cœur il détruit ce qui fait que nous sommes des hommes, il nous déshumanise.

Le péché nous fait ramper alors que nous sommes fait pour nous tenir debout, le péché nous fait vivre en dessous de ce pour quoi nous sommes fait : l’homme n’est pas fait pour mentir, pour tricher, pour salir, pour tromper, pour haïr; l’homme est fait pour la vérité, la beauté, la droiture, et l’amour, c’est sa vocation et sa nourriture habituelle, ce qui le fait grandir, ce qui le rend homme, ce qui le fait ressembler chaque jour un peu plus à son créateur.

Mais Malheureusement nous nous habituons à cette nourriture insipide et moisie qu’est le péché, lentement, insidieusement on ne se rend même plus compte que c’est un péché, ou bien nous nous persuadons que ce n’en est pas un on change de nom, on dit plaisir pour infidélité, on dit IVG pour avortement, on dit droit à mourir dans la dignité pour euthanasie et ça passe, on finit par ne même plus se rendre compte de l’effet que le péché a sur nous : un effet destructeur, un travail de sape. Vous savez ce qui se passe quand on dépose une pêche pourrie dans un panier de fruits frais ? Et bien assez rapidement elle contamine tout le panier, il en va de même du péché dans notre cœur, assez rapidement il pourrit le meilleur de nous, il pourrit toute notre vie.

C’est pour  ça  que Jésus est virulent, c’est pour ça qu’il ne nous parle pas comme un politique rusé et retors, c’est pour ça que  Jésus nous parle comme à des hommes, parce que nous sommes des hommes, des hommes responsables de leurs actes, des hommes debout devant leur Dieu et non pas des esclaves couchés, accablées sous le poids du péché. Jésus ne veut pas que nous nous laissions pourrir par le péché, Jésus veut que nous vivions ! Jésus ne veut pas que nous nous nourrissions de poisons, il sait que notre cœur est fait pour le vrai, le beau, le bon, il sait à quoi nous aspirons et il veut nous le donner.

Et c’est à nous de choisir ce que nous allons couper dans notre vie, ce dont nous allons nous passer, parce que ça nous pourrit la vie, en fait nous le savons déjà un peu,  mais nous refusons de le voir ou en tout cas de nous le dire et c’est dans ce trouble, dans cette obscurité que l’ennemi fait son lit et nous abime. Alors il nous faut décider, choisir maintenant à qui nous voulons ressembler, qui nous voulons suivre. Et cela demande toujours un choix, un choix parfois difficile et couteux, mais choisissez et une fois que vous avez choisi tranchez, coupez ce qui pourrait vous éloigner de ce choix, choisissez assez concrètement sinon cela risque de ne rester que des voeux pieux, de vaines paroles.

Or il y a deux choses qui pourraient nous éloigner du Seigneur : le péché; là nous voyons a peu prés ce que c’est.  mais il y a aussi les occasions de pécher. Qu’est ce qu’une occasion de pécher ? Ce n’est pas un péché, enfin pas encore, mais c’est une pente glissante, une situation qui va nous faire déraper, une situation qui quasi infailliblement nous conduira au péché.

C’est internet par exemple, ce n’est pas mauvais internet sauf quand nous y surfons trop longtemps et que de clic en clic nous nous retrouvons sur des sites pourris (qui plus que d’inoculer un virus et de griller votre disque dur vous pourrissent l’âme) et bien ça coupez-le, n’allumez pas votre ordinateur  le soir quand vous rentrez chez vous ;

C’est cette tablette ou ce téléphone, ce sont plutôt des outils pratiques mais quand ils prennent la place de votre conjoint, quand il vous coupe de lui, quand ils écourtent voire même empêchent la conversation, la relation, l’amour conjugal, coupez, donnez-vous une heure où vous le laissez sur le buffet de l’entrée, éteint jusqu’au lendemain matin.

C’est cette conversation, ce sujet dont vous savez qu’immanquablement il vous fait critiquer, c’est cette personne ou ce groupe d’amis avec qui trop souvent vous vous laissez aller à critiquer, à juger, à persifler, là aussi tranchez, dites-le vous, interdisez-vous ces sujets, entraidez-vous  à ne pas vous entraînez vers le bas et si c’est trop dur tranchez, ne voyez plus (pour un temps) celui qui vous entraine au péché.

Il y a une chose que je ne vous conseille pas de trancher c’est votre Evangile lui gardez-le, gardez-le prés de vous, lisez-le souvent.

Laissez vos oreilles, votre intelligence, votre cœur être purifiés par la parole acérée et vivifiante de Jésus Christ, laissez-le vous apporter la vraie nourriture, celle qui vous gardera du péché : sa Parole, son corps et son sang.

Et peu importe vos chutes, aucune ne saurait venir à bout de l’amour de Dieu, peu importe de tomber tant que c’est en montant.

Toujours Il vous relèvera pourvu que vous vous jetiez dans ses bras miséricordieux,

toujours il vous nourrira pourvu que vous avanciez vers son autel,

et alors confession après confession, communion après communion, nous serons transformé en ce Dieu qui nous ressemble, nous serons transformé et notre cœur ressemblera au sien.

 

Abbé Simon d’Artigue

Homélie 6 TO A 2017