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Edito – février 2020

Edito – février 2020

Le retour annuel de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens fin janvier nous rappelle le devoir de réaliser la prière de Jésus juste avant sa passion (Jean, 17, 22-23): « Que tous soient Un comme Toi et Moi, Père, nous sommes Un, pour que le monde croie ». Cela veut dire très clairement que la division des chrétiens est un obstacle majeur à la mission de l’Eglise et un scandale qui est contraire à l’intention très clairement exprimée de son fondateur. C’est en effet dans les années 1910 en terres de mission qu’anglicans, catholiques et réformés se trouvant en concurrence malencontreuse dans l’annonce de la foi, prennent vivement conscience de l’anormalité insoutenable de ces divisions au contact de ceux à qui ils portaient l’unique Evangile du Christ. Depuis plus d’un siècle, avec aussi l’impulsion heureuse du concile Vatican II, des institutions et initiatives ont fait grandement progresser la marche vers l’unité doctrinale : Groupe des Dombes, conseil œcuménique des Eglises, accords doctrinaux (surtout celui de 1999 entre réformés et catholiques sur la justification par la foi, auxquels se sont associés d’autres églises, anglicane et issues de la réforme protestante). Il convient d’insister particulièrement sur l’accord de 1999 au sujet de la justification par la foi. C’est en effet sur ce point doctrinal essentiel que repose la controverse théologique entre Luther et ses interlocuteurs catholiques au 16°siècle. Choqué par les pratiques catholiques de l’époque qui mêlaient par trop l’argent à ce qui ressemblait fort à l’achat du salut (question des indulgences, recueil de fonds pour financer la construction de la basilique saint Pierre à Rome) Luther insiste sur la gratuité absolue du salut reçu par la foi et non par les œuvres humaines et encore moins par quelque apport financier (sola fide : par la foi seule). Ce qui sauve l’homme, c’est la foi mise en Jésus Sauveur, et même au fond, la foi de Jésus sur la Croix en son Père « qui pouvait le sauver de la mort » et qui a, de fait, abouti à Sa Résurrection. Il a fallu près de cinq siècles, sur ce point théologique essentiel, pour que catholiques, luthériens et réformés se mettent enfin d’accord. Le salut est gratuit, donné par la foi. Les œuvres manifestent l’accueil de ce salut de la part de l’homme mais sont elles-mêmes le fruit de la grâce de Dieu. Il est aussi admis que sur ce point des expressions diverses de la même foi soient acceptables selon les traditions théologiques. Les Eglises orthodoxes sont en ce moment en souffrance devant la décision du Patriarche œcuménique Bartholoméos de Constantinople de reconnaître l’autocéphalie (indépendance ecclésiale canonique) de l’Eglise orthodoxe Ukrainienne qui dépendait jusque-là du Patriarcat de Moscou. Les conséquences en sont douloureuses pour les communautés orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale et même pour les autres Eglises de l’Orthodoxie. Nous pouvons porter dans la prière ces frères dans la foi. Les communautés évangéliques, dans une proportion notable (70% d’entre elles en France), ont constitué un conseil national qui est en relation de travail soutenu avec une instance particulière du service national de l’unité des chrétiens de la conférence épiscopale française. Il est essentiel que le peuple chrétien connaissent ces avancées et soutienne de sa prière et de son ardent désir ces efforts de responsables et de spécialistes. Sinon le progrès réalisé sera de peu d’efficacité.

Abbé Jean-Jacques Rouchi – Prêtre référent de ND La Dalbade