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Edito de juin « Seuls ceux qui évaluent progressent ! »

L’adage sonnait comme un impératif dans les entreprises appliquées à renforcer la qualité de leur production, leur sécurité et leurs relations internes et externes.

Est-ce transposable à la vie d’une communauté chrétienne ? Ses objectifs spirituels et missionnaires, son organisation autour du ministère pastoral, lui donnent une originalité qui empêche de l’identifier à une entreprise de production ou de service. Le principe de l’évaluation conserve toutefois pour elle aussi toute sa valeur… sauf si une paroisse et ses fidèles considéraient n’avoir pas à progresser sur les routes de l’Évangile ! On préférera certes à « évaluation » d’autres mots comme relecture, bilan pastoral, révision de vie… Il s’agira en tout cas de faire le point, non pour sanctionner le passé en portant, l’œil rivé au rétroviseur, des appréciations positives ou négatives (des mauvaises notes ou de bons points !) mais pour envisager l’avenir avec plus de lucidité et de foi, d’humilité et de courage.Ainsi répondons-nous déjà à la question POURQUOI ? évaluer. Restent entières celles du QUOI évaluer et de COMMENT s’y prendre.

QUOI évaluer présuppose un retour sur ce que l’on avait prévu de faire, en termes d’activités, de relations, d’accompagnement, de supervisions en cours de route, d’instances de conseil et de décision… Un premier bilan peut alors porter sur deux points : celui de la pertinence et de la précision des objectifs initiaux et celui de la mesure du décalage entre ce qui avait été prévu au départ et ce qui a été effectivement réalisé. Sur la base de ces constats, un chantier peut alors s’ouvrir sur les correctifs à trouver et à mettre en œuvre pour préciser les prochains objectifs et les moyens nécessaires à leur atteinte.

Le COMMENT appelle avant tout un certain état d’esprit. Celui d’un désir humble et fort de vérité, hors des jugements de valeur sur les personnes. Posture profondément humaine pour qui cherche à porter un regard objectif sur la réalité. Et rien de ce qui est humain ne saurait nous être étranger. En outre, la posture devient ô combien chrétienne pour tout disciple du Christ, non seulement parce qu’il a déclaré être la Vérité mais aussi parce que la réalité à évaluer est toute imprégnée du mystère dans lequel plonge l’Église et chacun des sous-ensembles qui la constituent.

Le bilan appelle aussi des méthodes d’évaluation. A préciser et à évaluer elles aussi. La principale passe certainement par l’exercice d’une réflexion commune. Non seulement parce qu’on est plus intelligent à plusieurs … à condition de s’ouvrir à l’écoute mutuelle ! Mais aussi parce que Jésus a promis sa Présence dans le groupe réuni en son nom. La prière fait alors intimement partie de l’expérience.

Dans leurs principes, ces quelques réflexions valent aussi bien pour les bilans communautaires que personnels et pour les accompagnements spirituels susceptibles de les favoriser.

Abbé Michel Dagras