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Appel – homélie 2ème TO B 2021

Appel – homélie 2ème TO B 2021

On manque de catéchistes à la cathédrale, on manque aussi de couples pour préparer au mariage, et on manque de prêtres…

Oui et alors en quoi ça nous concerne?

C’est le boulot de Dieu d’appeler et c’est vrai que c’est Dieu qui appelle habituellement,il n’ y a qu’a voir le jeune Samuel, c’est Dieu en direct qui l’appelle. Et puis dans les évangiles, c’est bien Jésus qui appelle ses apôtres, c’est bien lui qui se pose devant eux et leur dit “viens et suis moi”? non?

Et il faut bien avouer que ça nous arrange, ça nous permet de rester tranquillement installé sur notre banc d’église à roupiller en attendant que Dieu nous fasse un signe assez fort, assez évident pour nous engager à Le suivre, à Le servir, comme prêtre, comme carmélite, mais là ce ne concerne qu’une toute petite part de cette noble assemblée, mais à Le suivre aussi comme catéchistes, chantre. On attend et rien ne vient, c’est donc que je peux rester tranquille, sur mon banc. Alors cette manière d’appeler, c’est vrai pour le jeune Samuel, c’est vrai aussi pour les disciples chez saint Matthieu, chez saint Marc, chez saint Luc, mais là pas de bol aujourd’hui l’église nous donne saint Jean à lire.

Et chez saint Jean c’est une autre histoire, là ce n’est pas Jésus qui appelle, Jésus nous dit saint Jean « allait et venait. »

Là Jésus n’appelle pas et pourtant ces disciples le suivent, André et un autre disciples, puis Pierre.

Vous voyez cette remarque est d’une importance capitale pour notre paroisse aujourd’hui, pour la croissance de notre église. Car en effet tant que nous nous disons, fermement appuyé sur l’évangile, que l’appel des disciples est du seul ressort de Jésus, tant que nous nous disons que c’est Jésus et Jésus seul qui convertit les cœurs et que nous nous n’avons rien à faire ni dans la conversion de nos frères ni dans l’appel de nouveaux disciples, alors il ne faut pas nous étonner que notre Eglise se vide !

Si Jean Baptiste, si André, si Simon n’avait rien fait, nous ne serions pas là aujourd’hui. l’évangile ne serait jamais arrivé jusqu’à Toulouse, parce que l’Eglise grandit quand des hommes répondent à l’appel d’autres hommes à suivre le Christ.

Regardons alors ce qu’ils ont fait, comme 4 étapes :

  • La contemplation

Jean baptiste, le premier: posa son regard sur Jésus

Que cherchez-vous? parce qu’ils ont soif, ils cherchent quelque chose ou quelqu’un :

“Ils allèrent et ils virent” il faut permettre de faire l’expérience de Jésus et pour ça demeurer auprès de lui pas juste passer mais rester, c’est une expérience transformante qui demande du temps.

Il n’y a pas d’appel possible tant que nous n’avons pas rencontré le Christ, non seulement rencontré mais tant que nous n’avons pas demeuré avec lui, tant que nous ne nous sommes pas laissé transformer par lui, convertir par Lui. Avant de parler de Dieu il faut commencer par parler à Dieu ou plutôt à l’imitation du Jeune Samuel laisser Dieu nous parler et l’écouter. C’est donc la première étape, vient ensuite la seconde;

  • La désignation, l’appel

“Voici l’agneau de Dieu” et “André amena son frère  à  Jésus”

Il montre Jésus, il le désigne, il l’amène à Jésus.

Qu’est ce que ça veut dire pour nous, paroissiens de la cathédrale et pas de capharnaüm? J’entends souvent dire que nous ne devons surtout pas faire de prosélytisme en imposant notre foi, notre religion et c’est vrai !

Il suffirait que nous vivions en chrétien pour que notre vie parle d’elle même et qu’elle attire automatiquement à Jésus. Mais alors, comment se fait-il que notre cathédrale ne soit pas bondée ? Comment se fait il qu’en nous voyant vivre les gens ne se disent pas: “ils sont d’authentiques disciples de Jésus Christ ?” C’est peut être parce que nous ne vivons pas une vie suffisamment évangélique, mais je ne me permettrai pas de vous faire ce reproche, (la seule personne à qui je pourrai le reprocher ici c’est moi).

C’est peut être aussi parce que nous ne désignons pas Jésus Christ, comme Jean Baptiste, parce que nous n’amenons pas nos frères à Jésus, comme André. Par un excès de délicatesse ou de respect, nous croyons qu’ils doivent faire le chemin eux même. Et bien non, je crois que c’est très compliqué, quand on s’est éloigné de l’Eglise d’y retourner (et plus encore quand on n’y a jamais été).

Imaginez un de vos collègues de bureau ou un voisin de palier qui entrerait à l’église parce qu’il a été touché par votre témoignage, il arrive aujourd’hui à la cathédrale, à la porte rouge là bas, à votre avis est-ce qu’il va être touché par notre accueil, par l’intensité de notre prière, par la ferveur de nos chants ? Il convient donc me semble-t’il de témoigner certainement mais aussi de désigner Jésus et d’amener jusqu’à lui. Et là c’est votre rôle , une sorte de parrainage, d’accompagnement.

  • Mais ensuite vient le temps de L’effacement

et c’est la troisième étape: “Les deux disciples entendirent ce qu’il disait et ils suivirent Jésus”

Ils suivaient Jean Baptiste jusque là, mais d’un coup jean s’efface devant Jésus, il disparaît, parce que quand nous appelons quelqu’un nous ne l’appelons pas à nous, nous n’avons qu’un désir, qu’il rencontre ce Jésus que nous avons rencontré, qu’il le rencontre et qu’il Le suive, finalement qu’il fasse le même chemin que celui que nous avons fait, grâce à un frère. Et c’est l’effacement qui permet La rencontre et la suite du Christ.

  • et c’est là quatrième étape, la transformation

« Tu t’appelleras kephas »: Simon change de nom, il change de vie car Jésus change nos vies, la rencontre du Christ change une vie et chacun de nous peut en témoigner.

Dieu veut avoir besoin de nous, Dieu passe par des mediations pour appeler.

J’étais il y a quelques semaines avec un groupe de paroissien et tous témoignaient qu’ils se sont mis à servir ici dans notre paroisse parce que quelqu’un les avait appelés à servir et ce quelqu’un ce n’était pas Dieu (comme pour Samuel) ce n’était pas le curé qu’on risquerait de voir comme un sergent recruteur (faites gaffe dès que le père Simon s’approche de vous ça va être pour vous demander un service et si par malheur vous l’invitez à dîner il ne ressort pas sans vous avoir collé une mission! Non ils ont été appelés par un autre paroissien: un frère, une sœur, comme Simon par André.

Nous pouvons tous appeler !et je vais même vous dire c’est comme ça que l’Eglise grandit, en appelant. et depuis le début de l’Eglise c’est comme ça que ça fonctionne: Jésus a touché le cœur de Jean Baptiste et Jean Baptiste, appelle André, André appelle Simon, Simon appelle…

Et attention il ne s’agit pas d’un processus de recrutement sophistiqué, il ne s’agit pas de faire du nombre, il ne s’agit pas de faire tourner l’Eglise ou de remplir des cases, non ! Il s’agit de permettre à la vie de se répandre, la vie du Christ. Car le plus fort, et c’est encore un paroissien qui témoignait de cela, le plus fort c’est que répondre à l’appel ça donne une joie, comme il y a 2000 ans.

Oui parce qu’appeler au nom de Jésus, à servir son Eglise et répondre à cet appel c’est permettre à la joie du ciel de se répandre dans les cœurs, car se mettre à la suite du Christ c’est ça qui change une vie.

Ce chemin se poursuit depuis deux mille ans et depuis deux mille ans il porte du fruit: c’est parce que quelqu’un m’a appelé que j’ai rencontré le Seigneur et que j’ai pu demeurer avec lui; c’est parce que je demeure avec lui que j’en appelle d’autre à le rencontrer.

Jésus appelle Jean Baptiste, JB appelle André, André appelle Simon… et moi, qui est-ce que je vais appeler?

 

Abbé Simon d’Artigue