Close

Annoncer comme Lui et avec Lui – Homélie 5ème dimanche TO 2018

Les textes d’aujourd’hui nous proposent plusieurs pistes de réflexion.

L’extrait du Livre de Job, en première lecture, nous invite à une réflexion sur la difficulté de la condition humaine. Un texte bien pessimiste : Tout va mal.

Encore faudrait-il faire la part entre l’usure, la fatigue, l’épuisement, le dégoût même de la vie, la dépression et leurs raisons : facteurs constitutifs de la personne, facteurs familiaux, sociaux, culturels, liens avec le travail, l’état de santé etc… C’est donc bien la condition humaine dans son ensemble qui est ici en cause. Et, en plus Dieu semble absent, ou sourd…

Nous verrons dans l’évangile comment Jésus vient au secours de nos difficultés.

St Paul, quant à lui, nous parle du travail du missionnaire de L’Evangile. Tâche fatiguante mais tâche à laquelle St Paul nous dit pouvoir si peu se soustraire qu’il n’en retire aucun mérite. Habité qu’il est par le Christ, cette tâche fait désormais partie de son être même. « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi », écrit-il aux Galates. Renoncer à sa mission reviendrait à tenter de renoncer à sa Foi. « Malheur à moi si je n’annonce pas L’Evangile ».

Annonce en paroles mais aussi en actes, parfois par une simple présence, qui anime depuis 2000 ans combien de chrétiens au risque parfois de leur propre vie, à la suite du Christ lui-même…

Mais c’est sur L’Evangile nous arrêterons un peu plus.

Jésus est à Capharnaüm, avec ses disciples.

La belle-mère de Pierre est malade, au lit, avec de la fièvre. On ne sait rien de cette maladie ; mais pour que Marc, toujours rapide, concis dans ses descriptions, en parle ainsi, c’est que son état devait être sérieux, car « sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade ».

Et Jésus la guérit, de même que de multiples malades de toutes sortes.

Retenons trois points :

1 – Le premier, c’est l’attention, la proximité de Dieu lui-même – pour l’Homme, tout l’homme, tous les hommes, et particulièrement les plus petits ou les plus faibles d’entre eux.

En prenant la main de la belle-mère de Simon-Pierre, malade, il nous dit l’importance du contact humain, du toucher dans les soins.

Il la fait se lever, mais beaucoup plus encore se re-lever : l’évangéliste utilise le mot exact de résurrection. Alors qu’elle est couchée, dans la position de la mort, elle est remise debout, restaurée dans sa vraie dignité de fille de Dieu.

Ce que Jésus vient opérer par son Incarnation, c’est la restauration, le relèvement de l’être humain tel que son Père l’avait voulu aux premiers jours de la Création : à son image et à sa ressemblance.

Et cette restauration, ce re-lèvement de la dignité de l’être humain concerne tout autant le physique – la belle-mère de Pierre est guérie – que le psychique et le spirituel – ce sont les esprits mauvais qui sont chassés – que le domaine social – la ville entière se pressait à sa porte » – nous est-il dit.

Tout l’homme, donc.

Tous les hommes aussi, car Jésus ne fait aucune distinction entre les personnes. Il guérit tous ceux qui se présentent, et n’a de cesse « d’aller ailleurs », comme dit Marc.

Voilà la Bonne nouvelle que Jésus vient nous donner.

Voilà l’Évangile que Paul n’a de cesse d’annoncer avec la fougue qu’on lui connaît.

2 – En guérissant les malades, Jésus nous redit la raison d’être même de tout être humain, qui est de servir. Servir Dieu et sa création tout entière.

Dans nombre de récits, les malades guéris s’empressent d’annoncer les merveilles de Dieu, de rendre gloire à Dieu.

Ici, la belle-mère de Pierre est guérie, et « elle les servait ».

Bien commode, direz-vous avec un petit sourire…

En réalité, elle est rétablie dans sa fonction familiale et sociale d’épouse, de maîtresse de maison qui se doit de bien recevoir ses invités.

Disons aussi que si cette femme était partie annoncer la Bonne Nouvelle comme d’autres malades guéris par Jésus, tout laisse à penser qu’on l’aurait prise pour une folle. C’est bien ce qui arriva aux femmes le matin de la résurrection : on ne les crut pas…

Et son service n’est-il pas un des plus nobles, quand on pense au Christ qui ira jusqu’à laver lui-même les pieds de ses disciples au soir du Jeudi-Saint ?

Au service du Christ qui lui rend la santé, elle répond par son propre service de la table.

Quel est d’ailleurs le plus difficile : servir, ou accepter de se laisser servir. Pierre en est bien l’exemple, qui refusera d’abord de se laisser laver par le Christ… Décidément, Jésus renverse les valeurs…

3 – L’enracinement de Jésus dans la prière.

Une fois de plus, Marc nous montre combien, dans le ministère de Jésus, tout est fondé dans la prière.

L’épisode d’aujourd’hui est comme « encadré » par la prière : prière liturgique – Jésus sort de la synagogue le jour du shabbat – et prière personnelle, solitaire, de Jésus.

Jésus que les Evangiles nous montrent priant de longues heures, seul, souvent la nuit, ou au petit matin, dans le secret, dans des endroits déserts.

Mais sa prière elle-même reste un secret entre lui et son Père.

La seule prière qu’il nous ait laissée à ses disciples, c’est celle que nous dirons tout-à-l’heure.

Mais, encore une fois, l’important reste cet enracinement quotidien, continu dans la prière, dialogue cœur-à-cœur qui l’unit à son Père, dans l’Esprit.

Prière qui fait vraiment de lui la Parole agissante, vivifiante du Père.

*   *   *  *

Bonne nouvelle, « Évangile » de la présence agissante de Dieu pour tous les hommes.

Service, non comme une action quelconque, mais comme raison d’être.

Enracinement dans la prière : prière communautaire et prière personnelle.

Voilà ce que nous redit ce court passage de Marc, qui est à lui tout seul une vraie petite catéchèse sur le Christ.

Mais nous-mêmes, déjà créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, n’avons-nous pas été transformés – ou ne serons-nous pas être transformés – par le baptême à l’image et à la ressemblance du Christ ?

N’avons-nous pas reçu l’onction baptismale qui fait de nous des témoins du Christ ?

Ne sommes-nous pas appelés à vivre comme des « autres christs », à « prendre le chemin où il a lui-même marché », comme dit St Jean (1 Jn 2, 6).

« Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ».

C’est dans ce monde-ci que nous sommes appelés à servir, à prier et à annoncer comme Lui et avec Lui.

Dominique Desvernois, diacre